Patchwork de vies (nouvelles en une phrase)

Patchwork de vies (nouvelles en une phrase)

27 novembre 2019 5 Par Nadine Rudigier Panella

FANTASME D’UN CORPS PARFAIT
Alors que, comme tous les matins, je retrouve avec plaisir, déambulant sur la plage, la longue silhouette, témoignage d’un corps parfait d’une femme vêtue d’un simple monokini — avec laquelle j’imagine pouvoir vivre une intense passion —, voilà qu’aujourd’hui, elle se retourne et j’aperçois de face, l’amputation provoquée par le crabe qui s’est emparé de son sein gauche.

EN QUÊTE D’UNE VIE SANS VIOLENCE
Rouée de coups, sous emprise, elle endure, endure au quotidien jusqu’à ce jour où, n’en pouvant plus, l’homme qui a ruiné sa vie s’écroule, touché par la balle qu’elle a tirée vers lui à bout portant.

VISION INDÉLÉBILE À JAMAIS CONTENUE
La tristesse le rongeait le jour de ses douze ans lorsqu’il s’est acharné sur son petit voisin au point de le tuer, puis lorsqu’il décida de le cacher au fin fond d’un bois dans lequel nul ne le trouverait jamais, tristesse qu’il porte encore des décennies après sur son visage accablé d’un remords lui imposant à vie de multiples renoncements pour ne pas être découvert, sous l’œil complice et discret de sa mère.

SOUHAIT D’UN MONDE MEILLEUR
Devant le gâteau d’anniversaire recouvert de 106 bougies, le fils espérait du fond de son cœur que ça ne dure pas 107 ans, face à sa mère, qui, ayant compris le désarroi qui envahissait son enfant constatant l’irrémédiable déchéance de celle qui l’avait mis au monde, décida d’abandonner le combat pour la vie.