Ecrire… c’est pas du gâteau
J’ai hâte de partager ma dernière création. Avant cela, je sais que je vais parfois être dans la panade ! Mais aussi, bien sûr, me délecter.
Ma priorité : dénicher la bonne recette, celle que l’on ne retrouve pas à toutes les tables, celle qui saura mettre, comme nulle autre pareille, en éveil, les papilles. Pour la dégotter, je m’accorde du temps à picorer de-ci, de-là. Narines en alerte, tout ouïe, palais aux aguets au cas où l’évocation d’une saveur particulière attirerait mon attention au point de mériter d’être consignée pour un prochain usage, devient mon quotidien. Ce qui ne peut être cuisiné tout de suite ne perd rien pour attendre. Je m’emploie à grappiller auprès des uns et des autres les influences les plus diverses. Je consacre du temps à lire et relire encore, tout ce qui peut nourrir mon imaginaire et je rêvasse au petit matin, à l’heure où mon raisonnement est fertile. Passer en revue les couleurs que chaque saison déploie, pour appâter mes convives, fait aussi partie de mes préoccupations. Je me tiens à l’affût de tout ce qui peut contribuer à la réalisation de ce que j’envisage de concocter, destiné à régaler, mieux qu’à la régalade. Me voici dans la peau d’un chef en goguette en quête du mot le plus goûtu.
La bonne idée est un ingrédient secret, inédit. Je détaille les étapes successives qui vont jalonner mon travail. Je parcours les méandres de ma composition en me méfiant du flot de mon inspiration, dans lequel je risque de me perdre. La recette mise au point, elle peut couler de source ou nécessiter des accommodations, ce qui est fort probable.
Je me mets en quête de faire le tri parmi tous les ingrédients qu’offrent les étals. Je me recentre sur ceux utiles à la confection de mon chef-d’œuvre. Choisir du léger ou du consistant, toutes les matières sont bonnes à prendre à condition de respecter une certaine harmonie. J’imagine un mélange savoureux. La récolte est fructueuse. Le cabas rempli à ras bord, les variétés ne manquent pas. Il me reste à les accorder pour fabriquer le meilleur.
Le temps de la réflexion et des préliminaires étant écoulé, je fonce à toute vapeur. Je m’applique à éplucher, couper en 4, passer à la moulinette, essorer, en prenant garde à ce que les apparences initiales des substances soient conservées. L’important est de préserver et même de renforcer la saveur première. En ajoutant quelques aromates bien épicés, le tour est joué. Il faut peu pour réduire l’amertume ou l’acidité, quelques essences suffisent. Un zeste de fraîcheur pour couronner le tout !
Sur la table de travail s’agitent mes mains de travailleuse, occupées à accorder un chinois et une maryse, un roux, des croûtons, le gratin et une liaison pour conclure. Les appareils aidant à la tâche ne sont jamais très loin.
Trancher, ciseler, émincer et rentrer dans le vif du sujet. Singer n’est pas dans mes pratiques. Après quelques frémissements, un moment d’ébullition s’installe. Je délaye encore à droite, mitonne à gauche. Blanchir n’est pas à l’ordre du jour, mais plutôt, dorer, colorer pour plus d’attraits, clarifier parfois, épaissir aussi. Je veille à ce que rien ne s’effiloche afin de garantir un résultat agréable. Tout est question de mesure. Chaque geste exige que l’on pèse le pour et le contre, tant les possibilités sont infinies. Puis, je fais mijoter le tout. Plus ça décante, meilleures seront les perspectives d’amélioration. Le moment est venu de laisser infuser, que ça baigne dans son jus, que ça marine.
Le lendemain, j’ajoute une nouvelle salve de condiments, je peaufine, j’enrobe encore.
Je goûte… Le résultat est-il à la hauteur de mes attentes ? Je suis mitigée. Ne devrais-je pas flamber tout cela ? Après réflexion, je décide d’en rester là.
J’extrais quelques menus morceaux de choix que je lustre encore et encore. Dresser, parer d’une garniture appropriée, tout faire pour attendrir mon cercle et pourquoi pas un potentiel mentor ?
Dernière étape et non des moindres : comment nommer cette nouvelle création ? En suggérant, en donnant l’eau à la bouche, en interpellant. Bon appétit !
Belle jonglerie de mots 👍, bisous cousine
Je me suis encore bien amusée avec cet exercice ! Merci cousin pour ton commentaire ! Bisous
Bravo, c’est succulent et ça donne l’eau à la bouche.
Plein de bisous
Tu t’es régalée à écrire cette nouvelle comme nous nous amusons à la lire. J’aime beaucoup la subtilité de ce que tu suggères dans cette recette qui peut prendre plusieurs sens. Bravo.
Merci Marie-Josée pour tes commentaires et tes conseils ! L’agenda ironique, j’y pense !
J’y goûterai bien cette recette, ça donne envie……
bisous
Merci, Merci ! On les reconnaît les gourmandes !
Vas-tu proposer cette recette à marmiton ? Elle risque de laisser bien perplexes les cuisiniers mais régalera sans aucun doute les amateurs de mots.
Merci Nicole pour ton commentaire ! Ce fut un véritable plaisir de la mettre au point.
Bien appétissant ce gâteau ! Il faut une once de virtuosité pour le réussir, la pâtissière n’en manque pas. Merci de nous l’avoir fait partager.
Merci Nadiège. Ravie de régaler les gourmand(e)s qui m’entourent !
Nadine, j’ai tardé à lire ta nouvelle et je le regrette ! Ton écriture m’a régalée. Excellente recette, parfaite pour les fêtes des papilles et mamies, hi hi hi !