Dedans, dehors
J’ai bien vu que depuis dehors,
Mes voisins reluquaient dedans.
Et quand je mets le nez dehors,
Je les vois bien rire en dedans.
Moi je ne leur veux aucun tort,
Et je n’ai contre eux pas de dent.
Mais il me paraît bien retors
D’épier quelqu’un sans précédent.
En veul’nt-ils à mon coffre-fort ?
Bof ! Je n’ai plus aucun argent.
Et je ne suis pas encor’ mort.
Mêm’ si je suis sans descendants,
Mettre la main sur un trésor,
Je me demande bien comment.
Mis à part mon vieux passeport
Qui fera d’eux de grands perdants…
S’ils me causaient un acte gore,
Ou tout au plus un accident,
Que feraient-ils donc de mon corps,
Sinon de le laisser en plan ?
Ils me jetteraient bien un sort,
Si encor’ j’étais président.
Je ne suis pas un dinosaure,
De plus je n’ai aucun talent.
Est-ce que leur attitud’ m’honore ?
Ils ont leurs raisons sûrement.
Est-c’ mon nom à coucher dehors,
Qui m’est venu de l’Orient ?
Me prennent-ils pour un cador,
Ou même encor’ pour un brigand ?
Veulent-ils que je collabore,
Peut-être… à mon corps défendant.
A ce climat que je déplore,
Je ne vois pas d’antécédents.
A mon frère, à mon labrador,
Me suis confié évidemment.
Ils m’ont pris pour un bon butor,
En prenant de grands airs pédants.
Puis j’ai hurlé mon désaccord,
Vociférant de but en blanc.
Autant à bâbord qu’à tribord,
Rien ni personne ne m’entend.
Soit crier toutes dents dehors,
Ou encor’ leur rentrer dedans,
Pour qu’aux fins fonds des corridors,
Au plus profond des océans,
Ou par delà les lointains ports,
On me dise « T’es innocent ».
C’est alors que j’ai voulu clore
Une rumeur à mes dépens.
La bell’ qui sied à mon décor,
Et que j’héberg’ de temps en temps,
Se vendrait souvent à prix d’or,
A qui serait beau prétendant.
Froissé, je l’ai mise dehors,
Ça me paraissait évident,
A ne pas mettre un chien dehors,
Était ce matin-là le temps.
Depuis, je vis tranquill’ dehors,
Tout aussi souvent que dedans.
Remerciant mes voisins très fort,
De m’avoir rendu bien méfiant,
En les invitant sans remords,
Dedans, dehors selon le temps.
Dure vie que celle d’un chien dans une niche qui observe du dehors ce qui se passe en dedans. 🙂 Surtout si l’animal a une cervelle bien faite 🙂
ça aurait pu me conduire dans cette direction de laisser les mots s’aligner sans trop penser au fond de l’histoire !
Au coffre-fort, aucune artiche, mais tu t’en sors en rimes riches.
Un bien agréable moment de lecture, merci, Nadine.
Merci pour ce commentaire. L’argot aurait pu faire partie du jeu aussi.