TOCs à toute heure

TOCs à toute heure

Cet exercice repose sur la consigne de l’Esprit Livre School suivante :

« Vous allez écrire de 10 manières différentes une nouvelle en une phrase que vous avez produite. »

Texte de base : nouvelle en une phrase

Convaincue d’être protégée et de protéger son entourage du malheur en respectant des rituels contraignants (notamment lorsqu’elle étend son linge en utilisant des pinces à linge assorties à la couleur des vêtements pendus), quel n’est pas son abattement lorsque son mari lui annonce, qu’après avoir tout essayé, il a décidé de la quitter !

  1. narrateur rapproché aligné sur un personnage

Je n’aurais pas dû lui offrir cette chemise. Jamais je ne trouverai de pinces à linge assorties à cet imprimé. C’est une catastrophe. Où avais-je la tête ? Que va-t-il se produire si je ne respecte pas ce rituel qui me tient tant à cœur ? Mes yeux s’embuent, mes mains tremblent. Que faire ? Je sais ! Je vais simplement l’apporter au pressing. C’est la seule solution. Sinon, je n’ose pas penser à ce qu’il risque de se passer. Sauvée !

Mon portable !

« Allo ! Je t’entends mal !

  • Je te quitte, Sarah. Je ne supporte plus tes manies. Tu me stresses. Si je reste, je vais y laisser ma peau. »

Me faire ça à moi qui calcule tout pour lui éviter constamment le pire ! Je n’en crois pas mes oreilles. Quel ingrat !

  1. narrateur distancié

Sarah constata qu’elle ne disposait pas parmi les centaines de pinces à linge que contenait son panier en osier, de la pince au coloris pouvant se marier à la chemise qu’elle venait d’acheter à son mari. Elle voyait mal comment se procurer des pinces à linge de cette couleur. Elle chercha comment se sortir de cette impasse. Surgit l’idée d’apporter au pressing cette chemise.

Alors qu’elle était plongée dans ses réflexions, son portable retentit.

Au bout du fil, son mari, excédé par son comportement irrationnel, lui annonce sa décision de la quitter.

Consternée, Sarah sent ses forces l’abandonner face à l’ingratitude de son conjoint.

  1. narrateur ignorant

Sarah, les yeux embués, fouille frénétiquement dans son panier en osier contenant des centaines de pinces à linge. Que cherche-t-elle ? Elle sort enfin du panier des pinces de coloris comparables. Elle saisit une chemise d’homme mouillée qu’elle approche des pinces. La déception sur son visage. Elle semble vouloir assortir la couleur des pinces à linge au vêtement. Son visage se rembrunit encore davantage, jusqu’à ce qu’un éclair apparaisse dans ses yeux. Sans doute vient-elle de trouver la solution à son problème ?

Tout à coup, son téléphone vibre. Le regard effaré, elle s’affale sur le coussin du fauteuil. Une mauvaise nouvelle à laquelle elle ne s’attendait pas résonne dans ses oreilles.

  1. narrateur omniscient

Rien n’est simple dans le cerveau de Sarah. Tous ses actes sont dictés par un besoin obsessionnel de respecter des rituels qu’elle s’est forgés au fil du temps. Enfreindre les règles qu’elle s’impose au quotidien reviendrait à attirer le malheur vers elle ou vers ses proches. Parmi ses pratiques, l’une d’elles consiste à assortir le coloris de ses pinces à linge aux vêtements qu’elle doit étendre. Aujourd’hui, la voilà désemparée : aucune pince pour accompagner la nouvelle chemise qu’elle vient d’acheter à Paul, son mari. Elle doit coûte que coûte résoudre cette question afin d’éviter que ne s’abatte sur son couple une quelconque tragédie.

Elle est complètement folle, se dit Paul. Quand ce ne sont pas les pinces à linge qu’elle assortit au linge -elle a beau se cacher, il a remarqué son manège-, c’est le rangement des petites cuillères dans le tiroir de la cuisine, selon un ordre précis connu que d’elle-même. Comme si chaque objet avait une âme. Elle repasse derrière lui dès qu’il déplace un bibelot. C’est assommant. Il n’en peut plus. Sa décision est prise. Il doit la quitter s’il ne veut pas finir à l’asile.

  1. à travers un trait de caractère du personnage principal

Sarah est obsessionnelle compulsive et n’a qu’un objectif en tête : le bien-être de son entourage et principalement de celui de Paul, son mari. Elle est prête à tous les sacrifices pour que tout roule. Tout doit être parfait autour d’elle pour éviter que ne s’abatte sur lui, sur eux, le moindre accroc.

C’est dans ce but qu’elle s’astreint à tout ranger méticuleusement chez elle. Chaque chose a sa place et chaque place a sa chose. Chaque objet de la maison a un rôle bien défini. Les couleurs ont pour elle une importance vitale. Lorsqu’elle assortit les couleurs de ses pinces à linge aux vêtements qu’elle étend, ce n’est pas par pure fantaisie. Cet acte la protège, elle en a la certitude. Comment a-t-elle pu se laisser tenter par l’achat de cette chemise tout en sachant qu’elle ne trouverait jamais de pinces à linge de cette couleur ? Cet écart l’obsède. Il lui faut trouver le moyen de réparer son erreur. Alors qu’elle plie consciencieusement la chemise mouillée pour l’apporter au pressing, seule solution lui évitant de devoir étendre ce vêtement, son téléphone retentit.

Elle distingue la voix de Paul, mais a peine à saisir les mots de rupture qu’il assène. Elle a pourtant tout fait pour échapper à cela. Cet achat est-il la cause de ce coup du destin ? Sans aucun doute. Elle ne comprend pas que c’est son obsession qui l’a plongée dans un cercle forcément vicieux : plus elle se protège par des rituels, plus elle sombre dans l’irrationnel, plus elle s’isole et plus elle sera rejetée…

  1. à travers un trait de caractère du personnage secondaire

Paul en a plus qu’assez. Depuis des années, il ose à peine toucher un seul objet commun à eux deux dans la maison. Dès qu’il déplace quoi que ce soit, Sarah s’empare de l’objet pour le replacer tel qu’il était initialement. Elle ne fait aucune remarque, mais elle agit et pour lui, c’est encore pire. Ce comportement de Sarah le stresse au plus haut point. Heureusement qu’elle ne met tout de même pas son nez dans son bureau. Il a réussi à ce qu’elle consente à ne pas y entrer. Et là, c’est un désordre sans nom. Il compense comme il peut. Passer du temps dans son antre rempli d’ustensiles hétéroclites, inutiles, dans un bazar où il amasse tout et n’importe quoi, le comble.

Rien qu’à penser à la multitude de pinces à linge qu’elle a pu acheter depuis qu’ils vivent ensemble, il en a la nausée. Il n’ose pas imaginer la réaction qu’elle va avoir lorsqu’elle va se rendre compte qu’aucune couleur ne va convenir à la nouvelle chemise qu’elle vient de lui offrir. Il la voit déjà ronger ses ongles et ça, il ne supporte pas. Il a essayé de discuter avec elle de tout cela, mais elle refuse le dialogue. Il lui a conseillé de consulter, elle est dans un déni total.

Il n’en peut plus. Il a bien réfléchi. Il doit la quitter s’il ne veut pas y laisser sa santé mentale.

  1. fondé sur une manière de s’exprimer : slam

Sarah aimerait tant que toutes ces couleurs

La mettent de bonne humeur

Mais aujourd’hui, la voilà en pleurs

Devant la chemise à fleurs

Qu’elle a offerte à Paul, quelle faute majeure

Elle ressent une telle douleur

De ne pouvoir l’assortir avec les coloris de ses pinces à linge, qu’elle a peur

Le vendeur lui aurait fait avaler des couleuvres

C’est ainsi qu’elle a cédé et il lui a refilé cette couleur

C’était un leurre

Son avis a compté pour du beurre

Elle s’est vraiment comportée en amateur

Il lui faut réparer son erreur

Soudain lui vient une lueur

Le pressing sera son sauveur

Et Paul sent perdre chaque jour toujours plus de son ardeur

L’attitude de Sarah le plonge dans une torpeur

Dont il redoute de ne pouvoir sortir vainqueur

Une brûlure côté cœur

Au niveau de son pacemaker

Le submerge de frayeur

Il ne peut rester spectateur

Et doit agir avec vigueur

Lorsqu’il annonce à Sarah qu’il la quitte avec froideur

Elle s’effondre. C’est la stupeur.

  1. personnage optimiste

Sarah est bourrée de tocs ! Elle le sait. Elle vit avec. Ce matin encore, la voilà devant son panier en osier contenant des centaines de pinces à linge de toutes les couleurs. De toutes les couleurs ? Pas vraiment. Il doit lui manquer la seule couleur dont elle a vraiment besoin à l’instant présent.

En effet, depuis des années, lorsqu’elle étend son linge, elle ne peut s’empêcher d’assortir ses pinces à linge à ses vêtements. Elle se dit que si elle respecte cette règle, tout ira bien pour elle et les siens.

Malgré ses recherches, elle ne trouve pas la couleur convoitée. Qu’à cela ne tienne ! Il y a sans doute une solution. Le pressing, bien sûr !

La sonnerie enjouée de son téléphone portable retentit. Elle décroche. Elle lui raconte sa mésaventure.

Il est fâché, mais ce n’est pas la première fois, il va se calmer, il va revenir…

  1. révélant un travers

Surtout pas ce miroir face au nord ! D’ailleurs, ce miroir, Sarah se demande si elle ne devrait pas s’en débarrasser. Et cette porcelaine fêlée. Non, elle ne doit pas garder cela. De même que cette rose qui commence à faner.

En y regardant de près, il est grand temps pour Sarah de faire du ménage dans les objets qui encombrent son appartement. Elle a tout en double, en triple, en quadruple. Et pas toujours en bon état. C’est sans doute pour cette raison qu’elle ne se sent pas très bien chez elle depuis quelques mois.

En revanche, ses pinces à linge, pas question de se séparer, ne serait-ce que de l’une d’entre elles. Elle en a trop besoin. Si elle veut continuer à assortir son linge à la couleur de ses pinces à linge, elle doit les garder toutes et même compléter sa collection. Il en va de son bien-être et de celui de Paul. Leur bien-être et leur sécurité.

Et cette chemise pour laquelle elle ne dispose pas de la pince à linge correspondante. Peut-être devrait-elle la jeter aussi !

Paul n’y verra que du feu. S’il rentre ce soir…

  1. au choix : trouver une focalisation originale : le psy de Sarah

Je ne vois guère sa situation évoluer. Sarah est dans un déni total. Elle a accepté de venir me voir parce que son mari l’a menacée de la quitter, mais à cela elle n’y croit pas non plus, tellement persuadée que tous les stratagèmes qu’elle a mis en place chez elle la protège de tout.

Entre ses pinces à linge dont elle assortit les couleurs aux vêtements à pendre et le rôle qu’elle donne à chaque objet qui l’entoure, c’est du lourd. Elle me raconte les faits sans prendre conscience qu’il s’agit de troubles obsessionnels compulsifs qui la mettent dans un immense état d’anxiété. Elle n’arrête pas de se ronger les ongles.

Et cette histoire de chemise. La culpabilité qu’elle a ressenti pour l’achat de cette chemise. Pas de pince à linge de la même couleur ! Quelle catastrophe à ses yeux. Heureusement que l’idée du pressing lui est apparue. Sinon, je n’ose pas imaginer ce qui se serait produit.

Elle a voulu avancer son rendez-vous. Elle avait l’air tellement abattue au téléphone ! Si j’avais dit non, elle aurait débarqué sur le champ.

Son mari aurait-il pris la décision de la quitter ? Ce serait la raison de son affolement ?